Dans un contexte où la sensibilisation à l’inclusion des personnes en situation de handicap prend de plus en plus d’importance, la Laiterie de Verneuil (37) se distingue par son engagement exemplaire en matière de responsabilité sociétale.
À l’occasion d’un échange privilégié avec Anne-Sophie Girard, Responsable des Ressources Humaines – RSE – Communication, nous avons pu découvrir les initiatives mises en place pour favoriser l’intégration des travailleurs handicapés au sein de l’entreprise.
Anne-Sophie Girard nous parle ci-dessous des défis rencontrés, des adaptations réalisées et de sa vision pour l’avenir, soulignant ainsi l’importance d’un environnement de travail inclusif et respectueux de la diversité.
Pouvez-vous nous présenter la Laiterie de Verneuil et son engagement en matière d’inclusion des personnes en situation de handicap ?
La Laiterie de Verneuil est une coopérative indépendante depuis 1909 qui collecte le lait de vache et de chèvre auprès de 128 exploitations locales dans un rayon de 60 kms pour produire beurre, lait UHT, fromages et poudre de lait. La laiterie emploie 140 salariés permanents qui travaillent sur le site de Verneuil sur Indre et quelques intérimaires et saisonniers l’été.
Notre mission ne se limite pas à la production laitière mais s’étend à la création d’un environnement de travail inclusif pour nos employés, y compris ceux en situation de handicap. Notre taux de personnes RQTH est actuellement de 7% depuis plusieurs années. Ces postes concernent aussi bien la production que la logistique, le magasin ou l’administratif.
Quelles actions spécifiques avez-vous mis en place au service de l’inclusion et des personnes en situation de Handicap ?
Depuis un an, nous avons mis en place une journée payée offerte aux collaborateurs pour la constitution de leur dossier RQTH. Ainsi, les collaborateurs ont la possibilité de prendre cette journée, par demi-journée ou par heure.
Côté matériel, nous acquérons régulièrement des équipements adaptés via un budget alloué, soit pour les salariés en situation de Handicap, soit à titre préventif lié aux TMS.
- Bureaux : fauteuils ergonomiques, claviers et souris ergonomiques, tables ajustables en hauteur et chaises assis-debout,
- Production : installation de réhausseurs et dépileurs automatiques pour limiter les efforts physiques, tapis anti-fatigue ergonomiques pour réduire les douleurs aux jambes, robots pour aider à empiler les produits sur les palettes.
- EPI : chaussures adaptées pour le personnel en production et administratif.
Nous sommes flexibles concernant le temps de travail en adaptant les horaires en fonction des besoins : certains collaborateurs travaillent trois jours par semaine ou encore quatre heures par jour. La flexibilité concerne également les missions liées au poste. Par exemple, pour les tâches répétitives, nous faisons effectuer aux équipes le maximum de rotation pour éviter les TMS. L’ancienneté étant entre 12 et 15 ans, c’est aussi un facteur important que nous prenons en compte.
Afin de sensibiliser les équipes, l’entreprise communique à travers de l’affichage, des réunions d’équipe et des formations. Nous allons proposer cette année aux collaborateurs une formation de secouriste en santé mentale.
Depuis deux ans, nous avons créé un poste d’animateur sécurité et prévention afin de détecter les risques professionnels, mettre en place des actions préventives et correctives, accompagner les équipes…. L’ensemble du site est d’ailleurs objectivé sur le nombre d’accidents de travail.
Enfin, nous avons fait le choix de collaborer avec des ESAT (Établissements et Services d’Aide par le Travail) pour l’entretien des espaces verts, pour la fabrication de pailles gravées et de caisses en bois des fromages par exemple.
Avec qui travaillez-vous pour mettre en place ces actions ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec le médecin et l’ergonome de la MSA qui sont très présents puisque nous les voyons tous les trimestres. Ils nous accompagnent sur nos besoins via leur expertise et leur partage d’expériences.
Nous faisons également appel à l’AGEFIPH pour l’adaptation des postes de travail. Concrètement, nous leur soumettons nos problématiques et ces partenaires nous proposent des solutions adaptées ou nous conseillent sur les démarches à privilégier.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’un salarié dont le poste a été adapté à la suite d’une situation de handicap ?
Prenons l’exemple d’un poste d’opérateur d’emballage, soumis à de nombreuses rotations et manipulations favorisant les TMS. Nous avons mis en place une machine, “un dépileur automatique” et un tapis anti-fatigue. Avant, les opérateurs manipulaient entre 4 et 5 tonnes par jour, avec des rotations fréquentes de la colonne vertébrale et des manipulations en hauteur ou au ras du sol. Avec le nouvel aménagement, la charge manipulée est réduite de moitié, éliminant la nécessité de manipuler des claies pleines et évitant ainsi les rotations lombaires.
Également, les fromages sont pris à une hauteur ergonomique, réduisant grandement les contraintes physiques. Ces adaptations permettent de diminuer le risque de TMS et d’améliorer le confort des opérateurs.
Quelle est votre vision pour l’avenir concernant l’inclusion des personnes en situation de handicap dans votre entreprise ?
Ma vision est de poursuivre et renforcer notre engagement en faveur de l’inclusion, en intégrant des personnes RQTH mais aussi en accompagnant nos collaborateurs qui déclarent un handicap au cours de leur parcours professionnel. Notre priorité est de préserver et de fidéliser nos talents en adaptant les conditions de travail à leurs besoins spécifiques quand cela est possible.
Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de faire l’effort nécessaire pour soutenir chaque collaborateur qui investit son temps et son énergie au service de l’entreprise. Ainsi, quelle que soit sa situation, chacun doit pouvoir s’épanouir pleinement et donner le meilleur de lui-même.
